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qu’il voit monter à l’horizon l’ombre d’un vautour (la Russie) dont la serre cruelle le menace :


LE PETIT OISEAU


« Petit oiseau blanc, pourquoi restes-tu solitaire auprès de ton nid ? Le ciel n’est-il pas pur ? L’eau de la source ne coule-t-elle pas limpide ?

« Pourquoi pleurer amèrement ? Vois comme tes frères sont gais, comme ils voltigent et chantent joyeusement à l’ombre des bois !

« Quelle douleur, dis-moi, quel regret tourmente ton pauvre cœur, pour que tu restes ainsi solitaire et que tu ne puisses plus chanter, cher petit oiseau ?

« — L’eau est limpide, ô mon frère, la feuille frémit doucement dans le bois fleuri ; mais, hélas ! mon nid s’écroule, car depuis longtemps il est rongé par un serpent affreux.

« Frère, un immense vautour monte à l’horizon ; il fixe ses yeux, il allonge sa serre vers mon petit nid. »


« Les poésies de M. Alexandri, dit un critique dont nous aimons à reproduire ici le témoignage, gardent profondément marquée l’empreinte du caractère local ; elles exhalent ce parfum des montagnes et des vallées natales, qui ne se peut ni contrefaire ni emprunter. Le poëte a puisé aux sources saintes et intarissables, la nature et la patrie : il aime ardemment son pays, il en sait toutes les traditions, il a la fierté des ancêtres, et semble avoir vécu avec eux de la vie libre et sauvage. Il a fréquenté aussi les fées des vieux châteaux, les sorcières des ruines, les sylphes des forêts ; il parle