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ressusciter le pur langage de Platon et de Démosthène, l’idiome national, considéré comme un patois, l’ancienne langue des soldats de Trajan n’était plus parlée que par le peuple des campagnes.

Ces mêmes boyards, tout fiers de leurs titres empruntés aux anciennes charges de la cour de Byzance (car il ne restait plus trace de la vieille gentilhommerie roumaine, si ce n’est peut-être dans le voisinage des Carpathes, où elle vivait confondue avec les paysans), avaient répudié l’ancien costume national ; ils s’habillaient et vivaient à la turque, comme les Phanariotes.

Cependant les Phanariotes, malgré leurs efforts, n’avaient pu dénationaliser la Roumanie. Au commencement du siècle, une pléïade de jeunes écrivains entreprit de ressusciter la langue et la littérature roumaines, cette littérature qui avait brillé d’un vif éclat sous les règnes de Basile-le-Loup et de Constantin Doucas. Beldiman, Teutu, et surtout Jean Vacaresco, auteur de la gracieuse idylle le Printemps de l’Amour (Primavera Amorilui), le chef-d’œuvre de la poésie roumaine, à cette époque, brillaient à la tête de cette pléïade. Cependant, Vacaresco lui-même indique le but plutôt qu’il ne l’atteint. Il n’est novateur que par la langue. Disciple des Grecs, à l’époque où les Grecs eux-mêmes copiaient notre littérature, il subit à son insu cette double influence, et mêle involontairement, dans son style, au jargon mythologique