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Les pantziri descendaient de cheval ;
Ils enchaînaient le pauvre Roumain
L’amenaient dans la ville de Vasloui
Et le conduisaient devant le prince :

— « Sois sans peur, pauvre Roumain ;
« Dis-nous quel est ton nom ? »
— « Je suis sans peur, car je suis Roumain !
« Je suis sans peur, car tu es mon maître,
« Tu es Étienne, le grand Étienne,
« Qui n’a pas son pareil au monde,
« Et moi je suis Choïman Bourtchel,
« Guerrier et brave d’élite. »
— « Longue vie à toi, puisque tu es sans peur.
« Mais confesse-nous la pure vérité :
« Comment as-tu osé commettre le péché
« De te livrer aux travaux du labour
« Justement un jour de grande fête,
« Justement à l’heure sacrée de la prière ? »
— « Prince ! je mets la main sur mon cœur,
« Et jure de te dire vérité.
« Avant d’être ce que je suis… un laboureur,
« J’avais un superbe étalon
« Et une massue formidable
« Hérissée de gros clous pointus,
« Laquelle, quand je la brandissais,
« Écrasait huit ennemis à la fois
« Et laissait de larges vides dans leurs rangs.
« Hélas ! au temps où j’étais encore
« Un homme valide pour la guerre,
« J’ai abattu bien des ennemis ;
« Mon bras a brisé bien des têtes