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soudain la fuite ; il leur semblait n’avoir pas assez d’espace devant eux pour se sauver, tandis que Chalga les poursuivait en disant :


« Attends-moi, attends, attends pour engager une lutte loyale avec moi ; attends-moi, capitan Caracatouche, chef des Heuduques, toi qui commandes cinq mille et cinq des plus braves ; arrête, pour échanger deux mots avec moi et pour éprouver nos armes ; je jure par le Seigneur Dieu de t’apprendre, mon beau gars, comment on attache les bergers de Chalga et comment on pille ses troupeaux. »


Le capitan Caracatouche, le chef des Heuduques, fuyait, fuyait, fuyait toujours, sans même tourner la tête ; mais Chalga est ici, Chalga est là, plus près, plus près encore et lui tranche la tête en courant.

La tête vole et reste en arrière tandis que le corps continue à courir en avant, et le sang coulant à flots rougit la poussière du chemin.

On dit, frère, on dit que depuis cette nuit, quand il arrive quelque bande de Heuduques dans le pays, ils ne se trompent jamais de route, et, par Dieu ! jamais plus ils ne s’arrêtent à la bergerie de Chalga, sur le rivage élevé du Danube !