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et se met en route pour aller s’arrêter au bout du plateau de Copoou dans le bois de Briazou 50 où le brigand a élu domicile.

Il choisit bientôt une place à l’ombre pour y étaler son festin et se livre à la folle gaieté sans plus se soucier de la potira. Cependant la potira est sur ses traces ; elle est composée d’Arnautes dont les armes chargées de bonne poudre de chasse ne manquent jamais le but.

À la vue de la potira, Codréan colle ses lèvres à la ploska et y puise une nouvelle dose de gaieté pendant que les Arnautes lui disent : « Rends-toi, Codréan, et laisse-toi enchaîner, si tu ne veux être emmené criblé de blessures.

— « L’agneau est gras ; la ploska est encore lourde ; si vous êtes des braves, si vous êtes de bons frères, voici la table, prenez-y place et mangez avec moi ! »

Ainsi répond le brave Codréan ; mais les Arnautes ôtent soudain leurs pistolets de la ceinture et font feu en pleine poitrine du brigand.

Il bondit et s’écrie : « Ah ! brigands, ah ! païens ! vous n’êtes bons qu’à jeter en proie aux chiens. »

Et disant cela, Codréan presse sa blessure entre ses doigts, fait sortir les balles teintes de son sang et avec elles il charge sa carabine. Feu !… la charge porte en plein et les Arnautes se tordent dans leur sang.

Mais voici que Léonti l’Arnaute (puisse la terre l’engloutir lui et tous ses enfants !) ajoute des boutons d’argent 51 à la charge de son fusil et il fait feu de nouveau sur Codréan. Codréan pousse un hurlement, — hurlement de rage et de douleur, — il s’appuie sur sa carabine, saisit sa hache et la lance à la tête de Léonti ; la tête vole et roule à terre ; le sang coule à gros bouillons,