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Codréan ; car si je reviens sur mes pas, en place du chariot attelé de huit bœufs, je te donnerai de nerveux coups de poing qui te produiront l’effet de monnaies rognées. »

Et le brigand s’en alla, s’en alla, s’en alla jusqu’au coucher du soleil.




Codréan, le cœur en joie, se dirige vers la bergerie de la montagne ; il monte en appelant les pâtres, mais ceux-ci se dispersent soudain à sa vue ; un seul d’entre eux, feignant d’être malade, se couche auprès du brasier et attend le brigand.

« Ohé ! le berger ! puisses-tu être dévoré par les loups ! pourquoi ruser avec moi ? Vois mon yatagan… D’un seul coup je te fais sauter à l’instant comme un levreau ; allons, debout !.. Va me choisir un agneau jeune, rondelet et dodu, un agneau venu au monde le jour de l’Épiphanie. »

Il prend l’agneau, l’attache aux courroies de la selle et part de nouveau avec son alezan. Bientôt ils arrivent ensemble dans la vallée de Chanta, de Chanta la cabaretière, qui a de grands yeux provocants.

Codréan boit et se livre à la gaîté ; il caresse la jolie Chanta et ne se soucie nullement de payer son écot ; Codréan boit et se livre à la gaieté, tandis que le cabaretier pâlit à la voix du brigand qui lui crie :

« Ohé ! l’aîné ! ohé ! le cabaretier, apporte-moi une ploska de vin de Kotmar 49, ou sinon malheur à toi ! »

Codréan prend la ploska, l’attache au pommeau de la selle, enfourche le cheval, embrasse la jolie cabaretière