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gras bon à faire cuire dans la marmite ; c’est un cadeau que je te fais pour ton souper. »

Fulga, à la barbe noire et au cerveau léger, remercie Costé comme un frère et se dirige vers la bergerie ; mais en voyant les moutons, il enlève plusieurs troupeaux et les mène à Pandina.

Costé revient de son voyage et s’aperçoit du larcin ; il appelle ses chiens, et leur distribue un grand fromage salé qu’il avait coupé en quatre-vingts morceaux : quarante portions pour les vieux chiens et quarante pour les jeunes. Mais les chiens mangent le fromage sans rendre compte à leur maître de ce qui était arrivé.

Mais voici venir lentement Dolka, la vieille chienne favorite de Costé, celle qui connaît le mieux ses devoirs ; elle avance en hésitant et en faisant de grands détours : son maître l’aperçoit et lui parle ainsi :

« Dolka, ma Dolkoutza, que sont devenus mes troupeaux ? »

À ces mots la chienne commence à se plaindre doucement et se couche aux pieds de son maître.

« Ma Dolka, tu es vieille et tu as été élevée à la bergerie ; je t’ai toujours aimée et toujours nourrie de laitage ; comment as-tu permis aux voleurs d’emmener mes troupeaux ? »

Dolka hurle tristement et montre sa patte blessée.

« Chère Dolka, ma pauvre Dolkoutza ! les brigands t’ont blessée pendant que tu défendais les biens de ton maître ? S’il en est ainsi, si tu es toujours aussi fidèle et aussi intelligente, va devant moi en suivant les traces des brebis et conduis-moi au repaire des bandits. »

Dolka saute gaiement à ces mots et part en fourrant son nez dans l’herbe afin de flairer la trace des troupeaux ;