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Mais la fille du kadi, la nièce du sultan, rougissant à cette voix, choisissait trois fleurs, les cueillait et les envoyait à Jovitza par une de ses compagnes, une jeune adolescente aux tresses blondes.

Jovitza recevait les fleurs, les serrait près de son cœur et répétait sa prière.

« Toi la fille du kadi, la nièce du sultan, viens m’apporter une fleur, viens me la donner de ta propre main afin de soulager mon âme ! »

À cette voix, la fille du kadi, la nièce du sultan, rougissant de nouveau, choisissait un bel œillet, le cueillait et le portait elle-même à Jovitza. Celui-ci se penchait sur sa selle et, entourant de son bras la taille de la jeune fille, l’enlevait soudain comme une plume légère et la plaçait devant lui sur le cheval.

Le coursier s’élançait comme un trait et courait fièrement pendant que Jovitza couvrait de baisers le visage de sa belle conquête.

Cependant la jeune adolescente aux tresses blondes courait éperdue vers le kahvenè 40 où le kadi faisait son kèf 41 et lui criait de loin : « Kadi, on vient d’enlever ta fille. »

Le kadi pâlissait ! Enfonçant son turban sur ses yeux, et rejetant son narghilé, il montait à la hâte sur sa jument tatare, sans selle et sans bride, et se lançait à la poursuite du ravisseur avec des cris terribles.

Jovitza l’entendait de loin et apercevait soudain à l’horizon la jument tatare qui se rapprochait à vue d’œil.

Alors la fille du kadi, la nièce du sultan, se penchait en avant et mordait avec ses dents l’oreille du coursier ; celui-ci hennissait, prenait un nouvel élan et