Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VOROTINSKI.

Ce crime est affreux. Écoute : c’est assurément le remords qui le trouble ; il n’ose franchir le sang de l’enfant innocent pour poser le pied sur le trône.

CHOUÏSKI.

Il le franchira. Boris n’est pas si timide. Alors quel honneur pour nous, pour toute la Russie ! Un esclave d’hier, un Tatar, le gendre de Maluta[1], le gendre d’un bourreau, et lui-même bourreau dans l’âme, s’emparera de la couronne et du collier de Monomaque[2].

VOROTINSKI.

C’est vrai ; il n’est pas de grande famille. Nous sommes de plus haute lignée que lui.

CHOUÏSKI.

Je le crois bien.

  1. Maluta Skouratoff, le plus féroce et le plus dévoué des sicaires d’Ivan le Terrible.
  2. Surnom de Wladimir II, l’un des fondateurs de la puissance russe au douzième siècle. Il était arrière petit-fils de saint Wladimir, qui, un siècle et demi avant, introduisit le christianisme en Russie. Cette couronne et ce collier, auxquels on laissa le nom de Monomaque, lui avaient été envoyés, comme présents d’investiture, par l’empereur grec Alexis Comnène.