Page:Alexandre - Donatello, Laurens.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
DONATELLO.

surhumain peut-être, mais le pur humain de Donato est encore plus fort.

Le Zuccone ou le (chauve) personnifiant le Roi David est encore une bien étrange figure, à la fois sublime et repoussante. Une fois vue on ne peut plus oublier cette longue, longue apparition drapée dans une toge dont les longs plis vont d’une seule coulée transversale de l’épaule aux pieds. Cet être lugubre et spectral, au visage osseux, aux rides qui sont comme des lits de ruisseaux séchés, est plein d’inquiétude et d’astuce. Pourtant, bien que cette œuvre fût une des plus chères au cœur de Donatello et qu’il jurât volontiers « par la foi qu’il avait en son Zuccone », peut-être est-elle trop résolument particulariste pour atteindre à une beauté aussi haute, à une éloquence aussi émouvante. Il suffit, au reste, à sa gloire, qu’elle conserve un grand pouvoir d’obsession.

Le prophète Habacuc dont on parle moins, peut-être parce qu’il n’y a pas d’anecdote qui s’y rattache, est encore une belle et noble conception. Il est plus blanc, plus sacerdotal que les autres. Il semble avoir moins de rancune contre les hommes, sans pour cela être moins sensible aux maux de l’humanité, mais il garde sa tristesse plus intérieure. La statue est belle, savante, d’un beau et large modelé.

On s’est accordé pour ramener à la même époque (1415-1425) la statue de prophète dite statue du Pogge, placée non au campanile, mais dans la cathédrale. Cette appellation légendaire, devenant ainsi un anachronisme,