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DONATELLO.

d’une seule donne à l’œuvre un caractère très original. Cela contribue du reste beaucoup à la rendre plus dramatique. La victime n’est déjà plus rien, cet Holopherne alourdi par l’amour et la mort. La femme est tout. Elle se lève, sereine et terrible, comme la vengeance elle-même, d’entre les jambes du guerrier, et elle marche dessus avec une tranquille férocité. Ce surgissement a vraiment quelque chose de foudroyant et d’obsédant à la fois. Bien plus, Judith s’acharne après ces misérables et trop confiants restes. Il lui reste encore, pour parachever sa mission, à trancher une tête, et son beau visage, qui n’a plus souci de mentir, prend une expression aiguë et cruelle dont on n’a peut-être pas assez souligné, dans les critiques, le satirique accent. Il entrait bien dans l’âpre et malin esprit de Donatello de rendre dans une œuvre aussi décisive que la Judith la grandeur occasionnelle de l’héroïne et la permanente méchanceté de la femme.

Je voudrais encore, sans suivre rigoureusement les chronologies, dire quelques mots de diverses autres figures isolées, qui semblent former un cycle, comme les figures du Campanile et d’Or San Michele en forment un autre, et comme nous pourrions en composer un autre encore avec les figures d’enfants, et un encore avec les œuvres en bas-relief (San Lorenzo, Padoue, etc.). Ne pouvant dénombrer ici toutes ces figures isolées, réparties maintenant entre les divers musées d’Europe et quelques collectionneurs (d’un mot je dois mettre en garde contre les admirations trop hâtives et les trop complaisantes attributions),