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rance. Ce fut un moment de soulagement ; ses mains se détachèrent de ses tempes, et, dans une attitude plus calme, il considéra des yeux de l’esprit celle qui lui avait fait entendre ces paroles ; et il la voyait, non comme sa captive, non comme suppliante, mais sous l’aspect d’une bienfaisante dispensatrice de grâces et de consolations. Il attendait impatiemment le jour, pour courir la délivrer, pour entendre de sa bouche d’autres paroles de paix et de vie ; il se voyait la conduisant lui-même à sa mère. « Et puis ? que ferai-je demain dans le reste de la journée ? Que ferai-je après-demain ? Que ferai-je le jour suivant ? Et la nuit ? la nuit, qui reviendra dans douze heures ! Oh ! la nuit ! Non, non, la nuit ! » Et, retombant dans le vide pénible de l’avenir, il cherchait en vain un emploi du temps, une manière de passer les jours, les nuits. Tantôt il se proposait d’abandonner le château et de s’en aller dans des pays éloignés où personne ne le connaîtrait, même de nom ; mais il sentait que partout il se retrouverait lui-même ; tantôt il revenait à une sorte d’espoir de recouvrer son ancien courage, de reprendre ses anciens goûts, de voir se dissiper ce qui pouvait n’être qu’un désir passager ; tantôt il redoutait la lumière qui devait le montrer si misérablement changé aux gens de sa maison ; tantôt il soupirait après elle, comme si elle devait venir éclairer aussi ses pensées. Et voilà qu’aux premières lueurs de l’aube, peu de moments après celui où Lucia s’était endormie, tandis qu’il était ainsi immobile sur son séant, son oreille est frappée d’un son répandu dans l’air, qui ne se pouvait bien définir, mais qui réveillait je ne sais quelle idée de réjouissance. Il écoute et reconnaît les volées de cloches lointaines comme elles se font entendre en un jour de fête ; puis il distingue l’écho de la montagne qui de temps en temps répétait en sons plus faibles la vague harmonie et la prolongeait en s’y confondant. Peu après il entend d’autres cloches plus rapprochées sonnant de la même manière, puis