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sous le masque


Les clartés pâlissaient comme si c’était l’aube,
La musique versait plus de fièvre et d’amour,
L’on ne distinguait pas les formes sous les robes ;
Quels visages rêvaient sous les loups de velours ?

Et moi, parmi les cris, l’ivresse et la magie
Des bijoux, des satins, ruisselant de blancheur,
je n’avais jamais eu pareille nostalgie,
Jamais souffert de tant de solitude au cœur.

Je voyais défiler tous les groupes fantasques ;
Et les yeux, sous le noir, sous la poudre et le fard,
Mais pour moi, ce soir-là, quels qu’ils soient, tous les masques,
Avaient le même rire et le même regard.

Jusqu’à ce qu’ayant vu les yeux — les yeux uniques,
Les grands yeux d’eau de mer aux glauques profondeurs ;
Dans ces bleus verts sans fin, troubles, mélancoliques,
Je crus voir le reflet de toutes les douleurs.