d’être aimé et respecté. Pourquoi faut-il que le physique et le moral de son pays ne lui ressemblent pas ?
« Je ne sais ce que les gazettes disent de moi, je ne lis ici que celle d’Altona, qui n’en parle pas, et qui fait bien. On m’écrit de Paris que le Roi de Prusse m’a, dit-on, décoré du titre de Marquis et qu’il est resté huit jours enfermé avec moi avec défense de laisser entrer personne. Voilà de belles et sottes nouvelles. Je ne sais pas plus ce que c’est que le prétendu présent que l’Académie de Berlin m’a fait ; je n’en ai pas entendu parler, à moins que ce ne soit deux ou trois volumes de ses mémoires qui me manquaient et qu’elle est dans l’usage de me donner ; mais il me semble que cela ne doit pas s’appeler un présent. Ce qui est plus certain, c’est qu’elle me paraît vraiment affligée de ne m’avoir pas pour président. Oui, vous aurez beau rire et dire encore que c’est ma folie, tout le monde ici m’aime beaucoup et dit qu’on n’a point encore vu dans ce pays-ci un Français comme moi ; je me flatte de les avoir un peu réconciliés avec ma nation qu’ils n’aiment pas trop ; je vous laisse à juger s’ils ont tort. Cependant le Roi parle toujours des Français avec amitié et avec estime, et il en parlait encore hier à table sur ce ton-là en présence du prince Ferdinand, son frère, qui lui racontait des propos bien étranges et bien indécents de la part de certaines gens, qu’il a vus aux eaux d’Aix-la-Chapelle, propos si injurieux à la nation et si remplis d’ingratitude, qu’ils ont indi-