d’ici et qui s’y est constamment tenu depuis deux mois.
« Vous m’avez demandé des nouvelles de l’abbé de Prades ; il est à Glogau en Silésie, où il s’ennuie avec 40 000 livres, dit-on, qu’il a gagnées au jeu et les revenus de son canonicat de Breslau, qu’on lui paye assez mal ; il m’a écrit deux fois, mais il n’y a pas moyen de faire revenir le Roi sur son compte ; il a été du moins bien étourdi et bien imprudent, s’il n’a pas été traître ; je vous conterai tout cela et bien d’autres choses, mais je ne pourrai jamais vous dire combien ce voyage a resserré les liens qui m’attachaient au Roi. Ce prince aura le mois prochain un ambassadeur Turc, c’est une époque bien glorieuse dans sa vie, car ci-devant, les Turcs ne marchaient pas pour d’autres puissances que pour le roi de France et pour l’empereur. On dit qu’il fera faire des manœuvres à ses troupes dans huit jours ; je voudrais bien que ce fût avant le 26, jour fixé irrévocablement pour mon départ. »
« Nous allons à Potsdam et demain, dit-on, à Berlin ; j’oubliais de vous dire que le Roi m’a fait prévenir qu’il pourvoirait aux frais de mon retour, indépendamment des 100 louis d’or qu’il m’a déjà fait donner ; il est vrai qu’ils n’auraient pas suffi pour me dédommager des frais de ce voyage, qui a été plus coûteux que je n’aurais cru. »