passer le reste de ses jours avec Jean-Jacques, qui ira le trouver. »
Milord Maréchal venait de se lier étroitement avec Jean-Jacques Rousseau. Gouverneur du comté de Neuchâtel quand l’auteur d’Émile, chassé de France et de Genève, y vint chercher un refuge, il accueillit l’exilé avec la plus grande distinction et il n’hésita pas à le protéger contre l’intolérance religieuse des habitants. Une étroite affection naquit bientôt entre eux, et Milord Maréchal eut la rare fortune de vaincre l’humeur farouche et soupçonneuse de Jean-Jacques ; non seulement le solitaire de Motiers se fit sociable pour son nouvel ami, mais encore il renonça en sa faveur au principe qu’il s’était posé et accepta de lui une pension, alors que peu de temps auparavant il avait repoussé celle que lui offrait le roi de Prusse. Leur intimité devint telle qu’ils projetèrent de finir leurs jours ensemble dans une douce retraite. Le gouverneur de Neuchâtel, fatigué des tracasseries incessantes des habitants, demanda son congé et l’obtint. Il partit pour Berlin faire ses adieux à Frédéric avant de