ce ton-là ; je m’attends même à des propositions plus sérieuses et plus détaillées ; du moins j’ai tout lieu de le croire par différents propos que le marquis d’Argens et le secrétaire du roi, M. de Catt[1], m’ont déjà jetés en avant. Vous savez d’avance quelles sont mes dispositions, ainsi je n’ai rien à ajouter là-dessus ; mais je vous rendrai compte avec détail et avec vérité de tout ce qui pourra se passer à ce sujet…
« … Oui vraiment nous avons lu dans les gazettes la belle histoire de la Condamine[2] ; le Roi en a beaucoup ri et trouve plaisant d’appeler une nation barbare pour deux shillings qu’il s’est laissé voler. Ce n’est pas le tout d’être importun, il faudrait tâcher de n’être point plat. »
La Condamine était sourd. S’étant rendu en Angleterre, il descendit dans un hôtel garni ; mais son domestique, obligé pour lui parler de crier, faisait un tel bruit que les autres habitants n’y
- ↑ Catt (Henri-Alexandre de), né à Morges, sur les bords du lac de Genève, remplaça en 1752, comme lecteur du roi, l’abbé de Prades, qui avait été emprisonné dans la forteresse de Magdebourg pour crime d’espionnage.
- ↑ Condamine (Charles-Marie la) (1701-1774), de l’Académie des Sciences, de l’Académie française, de la Société royale de Londres, des Académies de Berlin, de Pétersbourg, etc. Il fit un voyage à l’équateur pour déterminer la grandeur et la figure de la Terre ; son absence dura dix ans et il eut à supporter des fatigues et des maux sans nombre. Son originalité est restée célèbre.