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Cette situation délicate se prolongea pendant plusieurs années à l’insu de Mme du Deffand. La passion de d’Alembert pour sa nouvelle amie était telle que c’est à elle qu’il adressa toutes ses lettres pendant son séjour en Prusse ; la pauvre Mme du Deffand, bien oubliée, n’en reçut qu’une seule.

La première lettre du philosophe est datée de Gueldres, 10 juin 1763[1] :

« … Le Roi a déjà passé par Wesel le 6. Il est actuellement à Crevelt, où il est allé voir le champ de bataille que nous perdîmes en 1758 ; il doit être ici demain, où je compte qu’il m’emmènera avec lui en repassant par Wesel ; ainsi d’ici à huit jours, je ne trouverai peut-être guère le temps de vous écrire, je ne le pourrai vraisemblablement que quand je serai arrivé à Potsdam.

« Le commandant de Gueldres m’a fait ouvrir les portes hier à minuit, dès qu’il a su mon nom ; il m’avait déjà fait marquer un logement par ordre du

    le père de Mlle de Lespinasse. En apprenant la mort du cardinal, Voltaire s’écria : « Dieu veuille avoir son âme, c’était un terrible mécréant. »

  1. On remarquera dans cette correspondance que tous les passages intimes ont été supprimés. Seules, les descriptions de la cour de Prusse et le récit des rapports du philosophe avec Frédéric ont été conservés.