plir ces conditions et elle fut appelée près de Mme du Deffand en 1754.
Fille naturelle de la comtesse d’Albon, la jeune fille avait mené jusqu’alors une existence assez misérable et sa nouvelle situation amena dans sa vie le plus heureux changement. Âgée de vingt-deux ans, grande, bien faite, mais peu jolie, car la petite vérole avait défiguré ses traits, elle ne fut pas déplacée dans le salon de sa bienfaitrice ; elle y brilla même par son tact et son esprit.
En prenant une dame de compagnie jeune et spirituelle, Mme du Deffand, ne s’était point fait illusion sur les inconvénients qui en pouvaient résulter ; mais elle crut les prévenir en avertissant sa jeune compagne qu’elle entendait garder la haute main dans son salon, et qu’elle exigeait d’elle une conduite discrète, mesurée, et d’une franchise absolue : « Le moindre artifice et même le plus petit art que vous mettriez dans votre conduite avec moi, lui dit-elle, me serait insupportable. Je suis naturellement défiante et tous ceux en qui je crois de la finesse me deviennent suspects au point de ne pouvoir plus prendre aucune confiance en eux. J’ai deux amis intimes qui sont For-