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une lettre des plus pressantes au philosophe, elle échoua devant un refus inébranlable[1].

En 1763, quand la paix fut signée, d’Alembert, qui n’avait pas oublié le bienfait qu’il devait à Frédéric, écrivit au roi pour le féliciter de ses succès et lui exprimer le désir de lui rendre visite. La lettre était digne d’un plat courtisan et non d’un philosophe intègre, mais, nous l’avons dit, c’était le ton de l’époque et d’Alembert n’y échappait pas plus que Voltaire, Grimm, Diderot, etc. :

« 7 mars 1763.

   « Sire,

« Il m’est donc permis de respirer enfin après tant de tourments et d’inquiétude, et de laisser agir en liberté des sentiments si longtemps renfermés et contraints au fond de mon âme. Il m’est permis de féliciter Votre Majesté sur ses succès et sur sa gloire, sans crainte d’offenser personne, sans trouble pour le présent, et sans frayeur pour l’avenir. Que n’a-t-elle pu lire dans mon cœur depuis six ans les mouvements qui l’ont agité ; la joie que m’ont causée ses victoires

  1. D’Alembert communiqua à l’Académie la lettre si flatteuse de Catherine, et la Compagnie décida à l’unanimité qu’elle serait insérée dans les registres.