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C’est en 1763 que d’Alembert se décida à faire un séjour prolongé à la cour de Potsdam. Depuis longtemps déjà il jouissait en Prusse d’une grande et légitime réputation ; il la devait autant à ses travaux scientifiques qu’à ses œuvres philosophiques. Dès 1746 il avait remporté un prix à l’Académie de Berlin avec un mémoire sur la cause générale des vents ; non seulement le mémoire fut couronné, mais encore son auteur fut proclamé membre de l’Académie par acclamation et sans scrutin[1].

En 1752 Frédéric, sous l’inspiration de Voltaire[2], chercha à attirer d’Alembert à Berlin et il

  1. Le Traité des Vents fut dédié à Frédéric, et dans sa dédicace d’Alembert fit une délicate allusion à la paix glorieuse que le roi venait de conclure avec les Autrichiens.
  2. Voltaire désirait évidemment être agréable à d’Alembert, mais il était principalement guidé par la perspective d’être désagréable à Maupertuis qu’il détestait. La cause de leur inimitié est assez curieuse et bien vraisemblable, étant donné le caractère du poète : « Dans un souper chez moi, racontait Frédéric, Voltaire fut infiniment aimable, il se surpassa ; il nous fit des contes charmants ; Maupertuis ne put dire un mot. Le souper fini, Voltaire, Maupertuis, d’Argens et deux officiers se promenèrent dans mon jardin ; le marquis et les officiers disent