mais comme hérétique. On lui reprochait des visions et des miracles dont il avait eu la bêtise de se glorifier ; on lui reprochait surtout d’avoir pu, à l’âge de soixante-quinze ans, se désennuyer tout seul dans sa prison comme aurait fait un jeune novice ; ce qui pouvait aussi être regardé comme une espèce de miracle, bien digne d’être compté parmi les autres. C’est sur de pareils motifs qu’il fut condamné à la mort la plus cruelle ; l’arrêt ne fit pas même mention du parricide dont il était accusé et, comme le remarque très bien M. de Voltaire, l’excès de l’atrocité fut joint à l’excès du ridicule.
C’est une chose plaisante que l’embarras où les jésuites et les jansénistes se trouvèrent à l’occasion de cette victime immolée à l’Inquisition. Les jésuites dévoués jusqu’alors à ce tribunal de sang, n’osaient plus en prendre le parti depuis qu’il avait brûlé un des leurs ; les jansénistes, qui l’abhorraient, commencèrent à le trouver juste dès qu’il eut condamné un jésuite aux flammes ; ils assurèrent et imprimèrent que l’Inquisition n’était pas ce qu’ils avaient cru jusqu’alors et que la justice s’y rendait avec beaucoup de sagesse et de maturité. Quelques magistrats même, jusqu’à ce moment ennemis jurés de l’Inquisition, semblèrent, en cette circonstance, s’adoucir tant soit peu pour elle.
Un des premiers tribunaux du royaume condamna au feu un des écrits où l’Inquisition de Portugal était fort maltraitée à l’occasion du supplice de Malagrida et, dans la dénonciation qui fit condamner cet écrit au feu, on donna beaucoup d’éloges, non pas tout à fait à l’Inquisition en elle-même, mais à l’examen scrupuleux d’après lequel le jésuite fut livré au bras séculier.
À l’occasion de cette accusation de régicide tant de fois renouvelée contre les jésuites, nous rapporterons une anecdote curieuse. Il est étonnant que, parmi tant de bro-