Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

dans la maison de certains riches ; l’autre, que, quoiqu’elle fut pauvre, elle était bien plus heureuse avec sa jeunesse, sa santé et sa gaieté qu’une certaine vieille dame toujours malade, et par suite toujours impatiente, qu’elle voyait souvent ; la troisième s’avoua que, bien que ce soit peu agréable d’aller gagner son dîner, c’eût été encore bien plus dur de le mendier ; et la quatrième se rendit compte que le plaisir d’avoir une jolie bague de cornaline ne valait pas le témoignage qu’on peut se rendre quand on s’est très bien conduite. Elles prirent donc la résolution de cesser de se plaindre, de jouir des bonheurs qu’elles avaient déjà, et d’essayer de les mériter toujours, de peur qu’ils ne leur fussent enlevés. Je crois, mes chères petites, qu’elles ne furent jamais désappointées ou fâchées d’avoir suivi le conseil de la vieille femme.

— Ce n’est pas très bien, chère maman, de retourner nos paroles contre nous et de nous faire un sermon au lieu de nous raconter une histoire, s’écria Meg.

— J’aime cette espèce de sermon, dit Beth pensivement ; c’est comme ceux que père nous faisait.

— Je crois que je ne me plaignais pas tant que les autres, mais j’y ferai plus attention maintenant, dit Amy, car Susie m’a donné une leçon.

— Nous avions besoin de votre leçon, maman, et nous ne l’oublierons pas ; mais si nous l’oublions, vous n’avez qu’à nous dire ce que la vieille Chloé disait dans la Case de l’oncle Tom : « Vous devoir penser à vos « bonheurs, enfants ! Vous devoir penser à vos bonheurs ! » dit Jo, qui avait fait aussi son profit du petit sermon.