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LE PETIT LAURENTZ.

« Il est si tôt ! vous ne vouliez pas sans doute vous en aller déjà, lui répondit Jo, qui paraissait cependant soulagée d’un grand poids, mais hésitait encore à accepter.

— Je devais partir de très bonne heure, répliqua Laurie. Je vous en prie, permettez-moi de vous ramener chez vous ; c’est mon chemin, vous savez, et on vient de dire qu’il pleut. »

Tout étant ainsi arrangé, Jo accepta avec reconnaissance et remonta vite chercher sa sœur et sa bonne, Hannah, qui, comme les chats, détestait la pluie, ne fit aucune objection, et elles montèrent gaiement dans l’élégante calèche. Laurie sauta sur le siège sans vouloir rien entendre, afin de laisser à Meg la possibilité d’étendre son pied, et les jeunes filles purent, en toute liberté, parler de leur soirée :

« Je me suis fameusement amusée ! Et vous ? demanda Jo en s’étendant.

— Moi aussi, jusqu’à ce que je me sois fait mal. L’amie de Sallie, Annie Moffat, m’a fait toutes sortes d’amitiés et m’a invitée à aller passer quelques jours chez elle au printemps, en même temps que Sallie. La troupe d’opéra y sera et je m’amuserai parfaitement bien, si mère veut me laisser aller, répondit Meg, contente à la seule pensée du plaisir qu’elle se promettait.

— Je vous ai vue danser avec le jeune homme aux cheveux rouges qui m’avait fait fuir. Était-il aimable ?

— Oh ! excessivement ! J’ai dansé avec lui une délicieuse redowa. D’abord il n’a pas les cheveux rouges, il les a blonds.

— Il ressemblait à une sauterelle quand il a fait le nouveau pas. Laurie et moi ne pouvions pas nous