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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

Jo accepta sans se faire prier davantage et suivit son jeune cavalier dans le vestibule. Elle eut soin pourtant de passer derrière tout le monde et très près du mur pour ne pas trahir, dès le début, le secret de sa robe brûlée ; mais, par exemple, elle regretta beaucoup de n’avoir pas de jolis gants lorsqu’elle vit son cavalier en mettre une paire jaune paille d’une étonnante fraîcheur.

Laurie dansait bien, et Jo éprouva un grand plaisir à danser avec lui, dans un endroit où elle ne pouvait « faire aucun malheur » ; il lui apprit le pas allemand, et tous deux ne s’arrêtèrent de danser que lorsque la musique eut complètement cessé. Ils s’assirent alors pour se reposer sur la dernière marche de l’escalier, et Laurie était au milieu du récit d’un festival d’étudiants à Heidelberg, lorsque Meg fit signe à sa sœur de venir. Jo, se rendant bien à contre-cœur à son appel, la trouva dans une chambre à côté, étendue sur un sofa, tenant son pied et se lamentant.

— J’ai le pied tout enflé, les stupides talons ont tourné et m’ont donné une entorse épouvantable. J’ai très mal et ne puis plus me tenir debout ; je ne sais pas comment je pourrai jamais revenir chez nous.

— Je savais bien que vous vous feriez mal avec vos bottines trop étroites ! Je suis très fâchée, mais je ne vois qu’un moyen, c’est d’aller vous chercher une voiture, ou de rester ici toute la nuit, répondit Jo, en frottant doucement le pied endolori de sa sœur.

— Cela coûterait beaucoup trop d’argent de prendre une voiture, et d’ailleurs nous ne pourrions pas en trouver. Tout le monde est venu dans des voitures particulières et quand même il y en aurait d’autres, les stations sont loin d’ici, et nous n’avons personne à envoyer.