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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

Qui est-ce qui a pu lui mettre cette idée-là dans la tête ? Nous ne le connaissons pas.

— Hannah a raconté notre course de ce matin à un de ses domestiques ; cela a plu au vieux monsieur, qui est très original. Ayant connu mon mari autrefois, il m’a envoyé, cette après-midi, un billet très poli pour me dire qu’il espérait que je lui permettrais d’exprimer son amitié pour mes enfants, en leur envoyant quelques bagatelles en l’honneur de Noël. Je n’ai pas cru devoir refuser, et c’est ainsi que vous avez une si jolie fête ce soir, pour compenser le pain et le lait de votre déjeuner.

— C’est son petit-fils qui le lui a mis dans la tête, j’en suis sûre, dit Jo, comme la glace commençait à disparaître dans la bouche des convives avec des oh ! et des ah ! de satisfaction. Il paraît très gentil, et je voudrais bien le connaître ; il a l’air d’en avoir bien envie aussi ; mais il est ou timide ou fier, et Meg ne veut pas nous permettre d’entrer en conversation avec lui quand nous le rencontrons.

— Vous parlez des personnes qui habitent la grande maison voisine de la vôtre, n’est-ce pas ? demanda une des petites invitées. Maman connaît le vieux monsieur ; mais elle dit qu’il est très hautain et ne veut voir personne. Il ne laisse sortir son petit-fils que pour se promener avec son précepteur, ou monter à cheval ; on le fait horriblement travailler. Nous l’avons invité une fois, mais il n’est pas venu. Maman dit qu’il est très aimable, quoiqu’il ne parle jamais aux jeunes filles.

— Un jour, notre chat s’est sauvé, c’est lui qui nous l’a ramené, et nous avons causé ensemble par-dessus la haie ; nous nous amusions beaucoup à parler de jeux et de toutes sortes de choses, lorsque Meg est arrivée, et il est parti. Je veux arriver à le connaître, car il a besoin de gaieté, j’en suis sûre ! dit Jo d’un ton décidé.