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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

moi, et, en revenant, nous nous contenterons de pain et de lait pour notre déjeuner.

— Bravo ! dit Jo, le jeûne ne sera pas complet. »

Elles furent bientôt prêtes et partirent en procession. La matinée n’était pas avancée ; elles prirent une rue peu fréquentée et ne rencontrèrent personne qui eût pu rire du drôle d’air qu’elles avaient en portant chacune des plats et des paniers.

Elles arrivèrent bientôt dans une pauvre chambre délabrée. Les vitres des fenêtres étaient cassées ; il n’y avait pas de feu ; on avait couvert les lits tant bien que mal. La mère était malade, le plus petit enfant pleurait, et les autres, pâles et affamés, étaient pelotonnés sous une vieille couverture afin d’avoir moins froid. Les yeux s’ouvrirent tout grands, et les lèvres bleuies par le froid se mirent à sourire quand les petites filles entrèrent.

« Ah ! Seigneur, ce sont les anges qui viennent nous visiter ! s’écria la pauvre femme en les voyant entrer.

— De drôles d’anges, des anges gelés, en capuchons et en mitaines ! » murmura Jo.

Cette observation égaya jusqu’à la malade.

Quelques moments après, on aurait dit que de bons esprits avaient réellement passé là. Hannah avait fait du feu avec le bois qu’elle avait apporté, et était parvenue à fermer au froid l’entrée de la chambre, en collant du papier devant les carreaux cassés. Mme Marsch avait donné du thé et du gruau à la pauvre femme, et tout en soignant le petit enfant aussi tendrement que s’il eût été sien, elle consolait sa mère, lui promettant des secours de toute sorte. Pendant ce temps-là les quatre jeunes filles avaient fait asseoir les petits enfants autour du feu et leur donnaient la becquée