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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

les bords des fleuves, qui aurait une ferme dans laquelle il aurait réuni toutes les bêtes de la création : des vaches superbes, de jolis veaux, beaucoup de moutons avec leurs agneaux, des chèvres pleines d’esprit et même des essaims de très gais petits cochons en bas âge et tout roses ; enfin, par-dessus tout cela, de fiers et beaux chevaux de labour, de vrais paysans et de vraies paysannes.

M. Laurentz, qui assistait à l’entretien, — ce n’est pas Laurie que je veux dire, — avait arrêté Jo à ce point de son discours, et, d’autorité, c’est-à-dire d’un geste qui n’admettait pas de réplique, l’avait fait monter dans la grande voiture à trois banquettes, avec sa mère, son père, M.  et Mme  Brooke, Beth et Amy, qui commençaient à devenir de grandes demoiselles. Laurie, lui, avait lestement sauté sur le siège du cocher et s’était emparé des rênes. C’est tout au plus si l’on avait laissé à Jo le temps de mettre un châle et un chapeau, tant c’était pressé, lui disait-on.

« Où allons-nous ? où allons-nous ? Je veux savoir où l’on me mène ! criait-elle. Je n’ai pas le nez assez long pour qu’on me conduise ainsi par le bout du nez, sans m’instruire du sort qu’on veut me faire.

— Vous le saurez quand nous y serons ; d’ici là, pas de questions, ma belle grande Jo. Vous défiez-vous de moi ? »

C’était toujours M. Laurentz qui parlait.

Au bout d’une heure, on était arrivé, par un chemin admirable, bordé de beaux arbres et de vertes prairies traversant un bois magnifique, à la porte d’une ferme d’où sortaient des régiments de moutons et le plus beau troupeau de vaches dont une jeune fille ait jamais pu rêver.

La ferme était complète ; rien n’y manquait : du