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QUATRE ANS APRÈS.

QUATRE ANS APRÈS

M. Brooke était parti et revenu. L’Amérique était pacifiée, et le mariage s’était fait à l’époque indiquée. Dieu l’avait béni. Les jeunes époux sont heureux. Jo, Beth et Amy croient qu’elles n’ont plus rien à souhaiter sur cette terre ; elles ont un neveu, et quel neveu ! C’est à faire oublier, même à Beth, toutes les poupées. Être tante, n’est-ce pas le comble de la félicité ? Mais tout cela est déjà de l’histoire ancienne, et, arrivé là, j’ai à vous conter une histoire toute nouvelle, mais si étonnante celle-ci, que Jo n’en peut pas revenir.

Croiriez-vous que Laurie, que cet absurde Laurie a voulu l’épouser, comme si c’était bien nécessaire d’être époux quand on est déjà de si bons amis ? Et cela, sous prétexte qu’ayant passé vingt et un ans l’un et l’autre, s’ils ne se mariaient pas, ils courraient risque de rester, elle vieille fille, lui vieux garçon. Jo lui a ri au nez, vous vous en doutez bien, et puis après, elle a tenté de le raisonner. Elle a tâché de lui faire comprendre qu’elle n’était pas faite du tout pour être la femme d’un jeune et beau monsieur aussi riche que lui ; que, d’abord, puisqu’on lui avait répété si souvent que sa vocation à elle eût été d’être un garçon, il était manifeste qu’elle ne pouvait être la femme de personne au monde ; mais qu’en admettant qu’elle dût jamais faire la folie de se marier, elle entendait bien ne se marier que quand elle serait absolument vieille, et qu’alors elle n’épouserait qu’un monsieur qui n’aimerait que la campagne, les forêts, les montagnes,