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TANTE MARSCH.

Pendant, que tout cela se disait, Beth s’était peu à peu rapprochée de M. Brooke et avait fini par s’installer silencieusement sur ses genoux.

M. Marsch avait appris à Jo tout ce qu’il avait à lui apprendre. Beth regardait M. Brooke avec une attention si singulière que Jo, qui la connaissait bien et qui avait remarqué la fixité de ce doux regard, s’écria :

« Monsieur mon beau-frère, celle de vos petites belles-sœurs qui s’est fait de vos genoux et de votre bras passé autour de sa taille un fauteuil très complaisant, a, je le vois, quelque chose à vous dire, à vous dire tout bas peut-être, mais elle n’ose ; aidez-la.

« Est-ce tout haut ? est-ce tout bas ? dit M. Brooke à Beth en l’embrassant tendrement sur le front.

— C’est tout bas, dit Beth en rougissant, si maman le veut bien… »

Mme Marsch donna son consentement par un sourire.

De ses deux bras, Beth attira à elle la tête de M. Brooke, et quand ses lèvres furent à la portée de son oreille, elle prononça quelques mots, mais si bas, si bas, en effet que, sans la réponse que fit soudainement M. Brooke, personne n’eut jamais su quelle question elle venait de lui adresser :

« Si je la rendrai très heureuse ! Si je l’aimerai bien et toujours ! toujours ! en pouvez-vous douter, ma sage petite sœur ? »

M. Brooke, si maître de lui d’ordinaire, étonna alors ses amis par la chaleur avec laquelle il développa ses plans d’avenir à Beth. La cloche du thé sonna avant qu’il eût fini de décrire à l’aimable enfant le paradis qu’il espérait édifier pour Meg. Beth, à chaque énumération, donnait d’un mouvement de tête affectueux son approbation à ses paroles. Quand elle se sen-