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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

ou l’autre de vous avec toutes les conditions morales qui peuvent assurer le bonheur, je les accepterai avec reconnaissance et serai enchantée de votre bonne fortune ; mais je sais par expérience combien on peut être heureux dans une maison simple et petite où l’on gagne le pain quotidien et où quelques privations donnent de la douceur aux plaisirs. Je suis contente de voir Meg commencer humblement, car, si je ne me trompe, elle serait, le cas échéant, en devenant la femme de M. Brooke, riche par la possession du cœur d’un homme intelligent, bon et sage, ce qui est moins fragile que la fortune.

— Je comprends, mère, et je suis tout à fait de votre avis ; mais Meg m’a toute désappointée, car j’aurais voulu qu’elle épousât Laurie plus tard et qu’elle passât ses jours dans le luxe. Ne serait-ce pas mieux ? C’était mon rêve pour elle.

— Votre rêve n’est pas réalisable, Jo. Laurie est plus jeune que Meg.

— Oh ! cela ne fait rien, interrompit Jo. Il est grand et avancé en tout pour son âge ; il a déjà un peu de barbe, et, quand il le veut, il peut avoir des manières de grand garçon. Puis il est riche, généreux, bon et instruit. Il nous aime tous, et je dis que c’est dommage que mon plan soit détruit.

— Je craindrais en outre, dit Mme Marsch, qu’un homme du caractère de Laurie, qui pourtant a de grandes qualités, ne fût pas toujours assez sérieux pour Meg. Laurie est trop changeant encore pour que, tant que l’âge ne l’aura pas mûri, on puisse faire tout à fait fond sur lui. Je ne parle pas pour Meg, mais en général, car, quant à Meg, la question d’âge est un obstacle sérieux, ma petite. Ne faites donc pas de plans, Jo ; laissez le temps et leurs propres cœurs marier vos