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CONFIDENCES.

M. Brooke. Votre père et moi l’appelons John maintenant, comme nous avons fini par dire ici Laurie tout court, pour répondre au dévouement qu’il nous montrait ; nous en avons pris l’habitude à Washington, au chevet de votre père, qu’il ne quittait guère, le brave jeune homme.

— Oh ! mon Dieu ! vous allez prendre son parti ! Il a été très bien pour père, et, je le sais, à cause de cela vous ne le renverrez pas ; vous le laisserez épouser Meg, si elle y consent. Que c’est mal à lui d’être allé près de papa pour vous forcer à l’aimer ! »

Et Jo se passa la main dans les cheveux d’un air désespéré.

« Ne vous troublez pas, ma chérie. Tout cela est une suite naturelle des circonstances où nous nous sommes trouvés. M. Brooke est, vous le savez, venu avec moi, à la demande de M. Laurentz. Il a été si parfait pour votre pauvre père que nous n’avons pu nous empêcher d’en être touchés et de beaucoup l’aimer. Ma pauvre Jo, si vous l’aviez vu veiller nuit et jour votre père mourant, admirable de soins et d’une bonté qui ne se dément jamais, vous l’auriez aimé plus que nous, car ce qui est bien vous touche peut-être encore plus vivement. Il a été, en ce qui concerne Meg, très honorable et très sincère. Il nous a dit qu’il serait bien heureux de pouvoir un jour devenir notre fils, mais qu’il voulait être sûr de pouvoir offrir à sa compagne une existence exempte de soucis avant de lui demander de l’épouser. Il veut seulement que nous lui permettions de travailler pour Meg et de tâcher de se rendre digne de son affection. C’est un jeune homme véritablement excellent, d’un grand cœur et d’un grand sens. Il eût été dur et il n’eût pas été sage de lui fermer l’avenir. Mais il comprend à merveille que Meg est