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LE TESTAMENT D’AMY.

thèque ; mais Polly, la voyant arriver droit sur lui, s’enfuit effrayé et grimpa sur le fauteuil de tante en criant : « Oh la la ! Oh la la ! »

— Menteuse ! s’écria Polly à ce moment du récit d’Amy.

— Je vous tordrais le cou si vous m’apparteniez, vieux tourment de ma vie, » s’écria Amy très blessée.

Cette menace eut pour effet de décider Polly à regagner l’escalier.

« Maintenant que nous sommes seuls, dit Amy à Laurie en fermant la garde-robe, je vais vous montrer l’acte, » et, tirant un papier de sa poche, elle ajouta : « Voudriez-vous lire ceci et me dire si c’est légal et bien. Je crains d’être obligée d’agir ainsi, car la vie est courte et incertaine, et je ne veux pas laisser de mauvais sentiments sur ma tombe. »

Laurie se mordit les lèvres pour s’empêcher de rire, et, s’approchant de la fenêtre, il lut le document suivant avec une gravité méritoire, si l’on considère que l’orthographe en était quelquefois fort étrange :

« Mes dernières volontés et testament.

« Moi, Amy Curtis Marsch, étant dans mon esprit saint, donne et lègue toutes mes propriétés personnelles comme il suit :

« À mon père, mes meilleurs tableaux, dessins, mappemondes et œuvres d’art, pour en faire ce qu’il voudra.

« À ma mère, tous mes vêtements, excepté mon tablier de soie, ainsi que mon portrait et ma médaille.

« À ma chère sœur Marguerite, je donne ma bague de turkoise (si je l’ai), ma boîte verte avec des colombes dessus, mon bout de vraie dentelle et le dessin que j’ai fait d’elle, comme souvenir de sa petite fille.