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LES CHÂTEAUX EN ESPAGNE.

ne s’expliquait pas la nature, Laurie finit par faire une découverte.

« Voilà un joli tableau, » se dit-il en regardant à travers les pins.

C’était réellement un joli petit tableau. Les quatre sœurs étaient assises ensemble dans un petit coin bien ombragé, avec du soleil et de l’ombre tout autour d’elles ; le vent aromatisé ébouriffait leurs cheveux et rafraîchissait leurs joues, et tous les hôtes du bois faisaient leurs affaires autour d’elles, comme si elles n’étaient pas pour eux des étrangères, mais bien de vieilles amies.

Meg, assise sur son coussin avec sa robe rose au milieu de la verdure, paraissait aussi jolie et aussi fraîche qu’un rosier. Beth choisissait des pommes de pin parmi celles qui jonchaient la terre, car elle savait en faire de gentils petits ouvrages. Amy dessinait un groupe de fougères, et l’active Jo faisait, de sa voix bien timbrée, une lecture à ses sœurs tout en tricotant.

Une ombre passa sur la figure du jeune garçon en pensant qu’il n’avait qu’à s’en aller, puisqu’il n’avait pas été invité. Cependant il resta ; le chez lui où il aurait pu se réfugier lui paraissait très solitaire, et cette petite société tranquille, au milieu des bois, lui semblait plus attrayante que son isolement. Il demeura si immobile qu’un écureuil, occupé à faire ses récoltes, s’avança jusque tout près de lui ; mais, l’ayant soudain aperçu, il s’était enfui en poussant un cri aigu, comme le son d’un sifflet. Ce sifflement du petit animal fit lever toutes les têtes. Beth, la première, découvrit Laurie et lui fit signe de venir en lui adressant un sourire rassurant.

« Puis-je venir ou serai-je un fardeau ? » demanda-t-il en s’avançant lentement.

Meg fronça les sourcils, Jo elle-même le regarda avec