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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

— S’il en est ainsi, dit M. Brooke, nous allons être obligés de planter là le pauvre chevalier et ses compagnons ; espérons que, quant à lui, il aura retrouvé sa princesse. Voilà longtemps que nous nous reposons, je propose que nous finissions notre journée par une belle promenade au bord de la rivière !

— Bravo ! » s’écria toute l’assistance.

En un clin d’œil, tout le monde fut debout et se mit à gambader. Frank, le pauvre petit estropié, était resté assis un peu à l’écart ; il essaya de se lever, mais, dans un mouvement de dépit ou d’humeur, il avait jeté sa béquille à quelques pas de lui. Beth, voyant son embarras, prit son courage à deux mains et alla la lui ramasser.

« Puis-je faire autre chose pour vous ? lui dit-elle.

— Parlez-moi, s’il vous plaît. C’est triste d’être assis tout seul, » répondit Frank, qui était évidemment gâté chez lui.

S’il avait demandé à la timide Beth de lui débiter un discours latin, la tâche n’aurait pas paru à celle-ci plus ardue ; mais il n’y avait pas d’endroit pour se cacher, point de Jo pour se mettre devant elle, et le pauvre petit garçon la regardait d’un air si malheureux qu’elle résolut bravement d’essayer.

« De quoi aimez-vous à entendre parler ? demanda-t-elle.

— Eh bien ! j’aime à entendre parler de crocket, de pêche, de chasse, dit Frank, qui, depuis son accident, n’avait pas encore appris à proportionner ses amusements à son état actuel.

— Mon Dieu, qu’est-ce que je vais faire ? se dit Beth. Je ne connais rien à tout cela. »

Et oubliant, dans son agitation, le malheur du petit garçon, elle dit, dans l’espoir de le faire parler :