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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

Nous ne pouvons pas le lui dire, mais il ne recommencera pas, vous pouvez en être sûre. »

Meg, sous prétexte de rattacher une des nattes de Jo, la tira en arrière et lui dit d’un ton approbateur :

« Ce Fred a été terriblement provocant, Jo ; mais je suis bien contente que vous ne vous soyez pas mise en colère.

— Ne me louez pas, Meg, répondit-elle : à ce moment, même j’aurais encore envie de lui tirer les oreilles. Je me serais certainement fâchée si je n’étais pas restée assez longtemps dans les buissons pour obtenir de moi de pouvoir me taire ; mais il fera bien de se tenir à l’écart, ajouta Jo en regardant Fred d’un air menaçant.

— Messieurs et mesdames, il est temps de dîner, dit M. Brooke en regardant à sa montre. Monsieur le commissaire général, voulez-vous faire du feu et trouver de l’eau, pendant que miss Marsch, miss Sallie et moi mettrons le couvert. Qui sait faire le café ?

— Jo ! » s’écria Meg, contente de recommander sa sœur, et Jo, sentant que les leçons de cuisine qu’elle avait prises depuis sa mésaventure allaient lui faire honneur, vint, sans se faire prier, veiller sur la cafetière. En même temps les petites filles ramassaient de petits morceaux de bois pour entretenir le feu, et les petits garçons allaient chercher de l’eau. Miss Kate dessinait, et Beth et Frank tressaient des brins de jonc pour faire de petites assiettes pour le dessert.

Le commandant en chef et ses aides eurent bientôt mis le couvert, et Jo ayant annoncé que le café était prêt, chacun vint s’installer sur le gazon avec un appétit développé par le grand air et l’exercice.

Tout semblait nouveau et drôle dans ce dîner sur l’herbe ; un vénérable cheval, qui paissait non loin de là, fut plus d’une fois effrayé par des éclats de rire.