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UNE EXPÉRIENCE.

Et ses sœurs répétèrent en chœur :

« Oh ! non ! oh ! non !

— Vous pensez alors que les jours où le travail alterne avec la récréation ont leur mérite ?

— Il n’est pas bon de ne faire que s’amuser, dit Jo en secouant la tête d’un air grave. Quant à moi, j’en suis fatiguée, et je veux me mettre à travailler sérieusement pendant mes vacances.

— Vous pourriez apprendre à faire un peu de cuisine ; c’est un talent utile, qu’aucune femme ne devrait ignorer, dit Mme Marsch, qui avait rencontré miss Crocker et l’avait entendue décrire le fameux dîner de Jo. Je me reproche de ne vous avoir pas donné, comme cela se pratique dans bien des pays, des leçons de ménage.

— Oh ! maman, est-ce que vous êtes sortie et nous avez laissé tout à faire rien que pour voir comment nous nous en tirerions ? demanda Meg, qui, pendant toute la journée, avait eu des soupçons.

— Oui ; je voulais vous faire voir que le bonheur de toute une famille dépend du concours de chacun de ses membres. Vous vous êtes assez bien tirées des premiers jours de la semaine, quand Hannah et moi avons fait votre ouvrage ; je ne suppose pas cependant que vous ayez été très heureuses pendant ces jours-là. Mon épreuve a eu pour but de vous faire comprendre ce qui arrive lorsque chacun ne pense qu’à soi. Ne trouvez-vous pas qu’il est plus doux de s’entr’aider et de supporter chacune sa petite part du fardeau, afin d’avoir un intérieur ordonné en vue de toute la famille ?

— Oui, mère, oui !

— Vous verrez, maman, nous allons travailler comme des abeilles, et nous aimerons notre travail,