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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

la semaine, et, je puis bien vous le dire en secret, ce portefeuille contenait d’ordinaire l’histoire, toujours sincère, des actions et des pensées de chacun des membres pendant les jours écoulés. Cela ressemblait souvent à une confession, car celui qui avait fait une faute, était tenu de la coucher sur son papier. Ce compte rendu des actions de chacun avait un bon effet ; on le discutait, et il donnait lieu, suivant la circonstance, tantôt aux critiques les plus méritées, tantôt à des éloges flatteurs, mais presque toujours aux commentaires les plus drôles. Il apprenait à chacune à être sincère envers elle-même et équitable envers les autres, car les procès-verbaux devaient s’ouvrir, en cas de réclamation, à toutes les rectifications des intéressés.

Le soir dont nous voulons parler, après lecture et adoption des procès-verbaux, Jo se leva et déclara qu’elle avait à faire une proposition.

« Chères collègues, dit-elle en prenant une attitude et un ton parlementaires, je viens vous proposer l’admission d’un nouveau membre qui mérite hautement cet honneur, en serait profondément reconnaissant, ajouterait immensément à l’esprit du club, à la valeur littéraire du journal et serait on ne peut plus gai et aimable. Je propose M. Théodore Laurentz comme membre honoraire du Club Pickwick. Allons, prenons-le ! »

Le changement imprévu du ton de Jo dans sa péroraison fit rire ses sœurs ; mais elles paraissaient un peu indécises, et aucune d’elles ne se décida à parler pendant qu’elle reprenait son siège.

« Nous allons mettre le projet aux voix, dit le président. Tous les membres qui voudront l’admission du candidat sont priés de le manifester en disant : Oui. »

Jo poussa un oui énergique, qui, à la surprise de chacun, fut suivi par un timide oui de Beth.