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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

— Qu’est-ce que vous lui direz ? demanda Meg, curieuse de savoir l’opinion qu’il avait d’elle, et cependant se sentant pour la première fois mal à son aise avec lui.

— Je lui dirai que je ne vous reconnaissais pas, tant vous avez l’air cérémonieux, et que vous vous ressemblez si peu que j’ai tout à fait peur de vous, répondit-il en faisant tourner entre ses doigts le bouton de son gant pour dissimuler son embarras.

— Que vous êtes donc absurde, Laurie ! Mes amies m’ont habillée pour faire une plaisanterie, et je me suis laissé faire. Jo ouvrirait de grands yeux si elle me voyait, n’est-ce pas ? »

Meg aurait voulu lui faire dire s’il la trouvait mieux ou plus mal que d’habitude.

« Jo ouvrirait de grands yeux, oui certainement, répondit gravement Laurie.

— Est-ce que je ne vous plais pas comme cela ?

— Eh bien, non !

— Pourquoi ? »

Il regarda sa tête frisée, ses épaules plus découvertes qu’à l’ordinaire et sa robe excentriquement garnie, d’un air qui la rendit encore plus honteuse que sa dure réponse qui détonnait avec sa politesse habituelle.

« Jo n’aimerait pas les embarras et cette robe à queue, » ajouta Laurie.

C’était trop fort de la part d’une personne plus jeune qu’elle, et Meg s’en alla en disant avec pétulance à Laurie :

« Vous êtes ce soir le petit garçon le plus impoli que j’aie jamais vu. »

Et, tout irritée, elle alla près d’une fenêtre rafraîchir un peu ses joues, auxquelles la robe trop étroite