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LA VALLÉE DE L’HUMILIATION.

que vous méritiez une punition, répondit Mme Marsch d’un ton sévère qui désappointa grandement Amy.

— Voulez-vous donc dire, maman, dit-elle, que vous êtes contente que j’aie été dégradée devant toute la classe ? s’écria-t-elle.

— Dégradée ! le mot est bien fort, ma chère amie ; mais je ne suis pas sûre que la punition que vous vous êtes attirée ne vous fera pas plus de bien qu’une autre plus douce. Vous commenciez à avoir trop de vanité, ma pauvre fille, et il est tout à fait temps de penser à vous corriger. Vous avez beaucoup de petites qualités, mais il n’est pas bon d’en faire tant parade ; l’amour-propre mal entendu gâte les plus grands mérites. Rappelez-vous, Amy, que le grand charme de toutes les qualités est la conduite.

— Oh ! oui ! s’écria Laurie, qui jouait aux échecs avec Jo dans un des coins de la chambre. J’ai connu une petite fille qui avait en musique un talent vraiment remarquable et qui ne le savait pas. Elle ne se doutait pas des charmantes petites mélodies qu’elle composait quand elle était seule, et n’aurait pas cru la personne qui le lui aurait dit.

— Je voudrais bien connaître cette gentille petite fille ; elle m’aiderait, moi qui suis si peu inventive, dit Beth, qui était derrière lui et l’écoutait de toutes ses oreilles.

— Vous la connaissez, et elle vous aide mieux que personne, » répondit Laurie en la regardant d’un air tellement significatif, que Beth devint très rouge ; elle fut si déconcertée en découvrant que Laurie avait entendu parler d’elle, qu’elle cacha sa figure dans le coussin du canapé.

Jo laissa Laurie gagner la partie, afin de le récompenser du juste éloge qu’il avait fait de Beth. Après le