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BETH ENTRE DANS LE BEAU PALAIS.

choisit un dessin représentant une touffe de pensées sur un joli fond vert clair ; on acheta les matériaux nécessaires, et elle se mit courageusement à l’œuvre. Ses sœurs l’aidèrent un peu dans les endroits difficiles, et les pantoufles furent bientôt finies. Beth écrivit alors « au vieux monsieur » un petit billet très court et très simple, et, avec l’aide de Laurie, profita d’une absence de M. Laurentz pour mettre le tout sur son bureau.

Quand ce fut fait, Beth attendit impatiemment ce qui arriverait ; mais la journée se passa, ainsi qu’une partie de celle du lendemain, sans qu’on eût aucune nouvelle du vieux monsieur, et Beth commença à craindre d’avoir offensé son susceptible ami. Dans l’après-midi du second jour, elle sortit, pour s’acquitter d’une commission, et en même temps pour faire faire à Joanna, la pauvre poupée malade, sa promenade quotidienne. En revenant, elle aperçut trois têtes à la fenêtre du parloir, vit des mains s’agiter démesurément et entendit crier joyeusement :

« Il y a une lettre du vieux monsieur pour vous ! Venez vite la lire.

— Oh ! Beth, il vous a envoyé… » commença à dire Amy en faisant des gestes désordonnés ; mais Jo, fermant vivement la fenêtre, l’empêcha de continuer.

Beth se dépêcha d’arriver, et ses sœurs la portèrent en triomphe au parloir en lui criant : « Regardez ! regardez ! » et lui montrant du doigt un joli piano, sur lequel était posée une lettre adressée à « miss Élisabeth Marsch ». Elle devint pâle de surprise et de bonheur, et, se retenant au bras de Jo pour ne pas tomber :

« C’est pour moi ? murmura-t-elle, quoi ! pour moi ?

— Oui, ma précieuse Beth, c’est pour vous. N’est-ce pas bien bon à lui ? Ne trouvez-vous pas que c’est le meilleur vieux monsieur du monde ? La clef du piano est