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aussi, ce jour-là, chacun tenait à lui montrer le premier les cadeaux de l’oncle Alec.

Ce fut une scène indescriptible ! On brandissait des tomahawks et des kriks malais au-dessus de la tête de tante Jessie ; on déposait à ses pieds des produits des cinq parties du monde ; les grandes cornes de bœuf d’Afrique servaient de trompettes plus bruyantes qu’harmonieuses ; et sept voix de garçons, s’élevant toutes ensemble, vantaient à qui mieux mieux les objets reçus et réclamaient à cor et à cri l’admiration maternelle.

Quel tapage ! quel chaos !

La bonne tante ne semblait nullement s’en émouvoir ; elle était toute à la joie de ses enfants ; mais Rose se bouchait les oreilles, et l’oncle Alec, malgré tout son sang-froid, ne savait plus au quel entendre. Il finit par dire, d’une voix assez forte pour dominer la tempête, que, si la paix ne se rétablissait pas à l’instant, tous ses cadeaux reprendraient le chemin du manoir.

Cette menace produisit un effet surprenant. Le tumulte s’apaisa instantanément, et, pendant que les enfants s’empressaient autour du docteur et l’assaillaient de questions et de remerciements, Rose profitait de ce calme relatif pour raconter à sa tante ce qui lui était arrivé depuis deux jours.

« Alors, lui dit celle-ci, cela commence à aller mieux ?

— Oh ! oui, s’écria Rose, je crois que je vais être très heureuse avec l’oncle Alec. Il a parfois des idées bien originales, mais je l’aime déjà beaucoup. Si vous saviez tout ce qu’il m’a rapporté ! »