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l’entendiez chanter et si vous la voyiez laver, frotter et faire toutes sortes de choses sans être fatiguée ! Ce n’est pas elle qui a des chagrins.

— Qu’en savez-vous, ma mignonne ?

— C’est elle qui me l’a dit. Quand je lui ai demandé si elle en avait autant que moi, elle m’a répondu en riant :

« — Oh ! non ; seulement je voudrais bien pouvoir aller à l’école, mais cela viendra peut-être un jour si je suis sage. »

— Ainsi donc, reprit l’oncle Alec, cette petite Phœbé trouve tout naturel d’avoir pour son lot une vie toute de travail, de pauvreté et d’isolement, et elle n’est envieuse du bonheur de personne ? Quelle brave petite enfant ! Vous avez raison de l’aimer, Rosette, elle le mérite. Mais quels sont donc ces grands chagrins personnels dont vous vous plaignez ?

— Oh ! ne me le demandez pas, je vous en prie.

— Vous les avez confiés hier à Phœbé. N’aurez-vous pas la même confiance en moi ? dit M. Campbell avec tant de bonté dans la voix que Rose répondit, les larmes aux yeux :

— Le plus grand est la perte de mon cher papa. »

L’oncle Alec la prit sur ses genoux et l’embrassa tendrement en lui disant :

« Ma pauvre chérie, c’est là un vrai, un grand chagrin, auquel je ne puis rien malheureusement ; mais n’oubliez pas qu’il m’a chargé de le remplacer auprès de vous et que je ferai tous mes efforts pour vous rendre heureuse.

— Et puis, continua Rose, je m’ennuie tant ! Je suis