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LA PETITE ROSE


Sur un signe de leur chef, les jeunes Campbell s’attelèrent aux brancards de la calèche où toujours était Rose, et ramenèrent au bas du perron, après lui avoir fait faire deux fois le tour de la pelouse.

Aux cris de joie qu’ils poussèrent en arrivant, tante Patience mit la tête à sa fenêtre, et tante Prudence accourut en toute hâte, tandis que la vieille Debby levait les bras au ciel en s’écriant :

« Ah ! mon Dieu ! ces affreux garçons vont tuer cette délicate petite créature. »

Mais la délicate petite créature en question semblait ravie de son équipée, et, si elle avait les cheveux légèrement ébouriffés, elle n’avait jamais eu l’air plus gai, ni les joues plus roses que lorsqu’elle sortit de la calèche au bras d’Archie, et qu’elle monta les quelques marches du perron comme une petite reine suivie de six esclaves dévoués.

Tante Prudence, qui croyait Rose très malade, la reçut avec force lamentations. Elle s’imaginait que sa nièce avait dû prendre froid, et disait hautement que c’était une imprudence sans pareille d’êdre sortie de la maison.

« Vous devez être fatiguée, lui dit-elle. Allez vous reposer une heure ou deux dans votre lit. »

Ses neveux n’entendirent pas de cette oreille.

« Vous nous avez invités à goûter avec Rose, s’écrièrent-ils avec un ensemble parfait, nous ne voulons pas partir encore. Je vous en prie, ma tante, ne nous privez pas de la présence de Rose. Nous serons sages comme des images. »