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humeur l’avait repris et éloigné de la famille dans un jour où chacun semblait si disposé à se réjouir ?

Et encore, en disant qu’il y avait six cousins assemblés nous disons trop, car, sur les six, on n’en voyait que cinq à l’état fixe. Le sérieux Archie, le jeune chef des temps jadis, le sage de la famille, le parfait gentleman, paraissait être, en dépit de tous ses précédents, dans un état d’agitation exceptionnelle qui ne lui permettait pas de rester un moment en place. Il s’éloignait, disparaissait sous les arbres de l’avenue, revenait l’air désappointé ; et ce désappointement semblait ajouter beaucoup au plaisir des autres, qui l’accueillaient chaque fois avec un malicieux sourire. Archie, alors, haussait les épaules, rongeait son frein et se taisait.

Enfin, un bruit de roues se fit entendre, un tourbillon de poussière s’éleva, un hourra ! sortit de toutes les poitrines. Les cousins s’élancent, les oncles s’avancent, les tantes suivent ! une voiture au grand trot a tourné l’avenue, elle s’arrête devant la terrasse : c’est Rose à vingt et un ans, Rose plus charmante que jamais avec son petit air posé de jeune femme ; et, en face d’elle, Mac, en élégant costume de voyage, et n’ayant plus rien, mais là, rien d’un ours. Il répond joyeusement aux hourras, saute légèrement de la voiture, et, pour l’aider à en descendre, offre la main à sa jeune femme, Rose Campbell, plus rose que jamais.

À peine celle-ci a-t-elle mis pied à terre que le cousin Archie, encore agité, se précipite à son tour et tend respectueusement la main à une admirable jeune fille brune,