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LA PETITE ROSE

— J’ai peur des chevaux, dit Rose. Je ne voudrais pour rien au monde aller sur mer, et je déteste les garçons. »

La pauvre Rose aurait encore pu à la rigueur supporter l’une des trois calamités susdites, mais les trois réunies l’épouvantaient. Phœbé rit de bon cœur de ses transes et dit pour la consoler :

« Votre tuteur vous emmènera peut-être dans un endroit où il n’y aura pas de petits garçons. Debby m’a dit qu’il est très bon et qu’à chacun de ses voyages il rapporte des cadeaux pour tout le monde dans la maison.

— Voilà encore un de mes soucis, s’écria Rose. Si mon tuteur allait me déplaire, qu’est-ce que je deviendrais ? Je ne l’ai jamais vu, et il se pourra fort bien que nous ne nous entendions pas. C’est qu’il n’y a pas à dire, il faudra que je lui obéisse jusqu’à ce que j’aie dix-huit ans. Oh ! que cette pensée me tourmente !…

— À votre place, dit Phœbé, je tâcherais de n’y pas penser. Pourquoi vous tourmenter de ce que vous ne connaissez pas ? À chaque jour suffit sa peine ! Moi, je me trouverais parfaitement heureuse si j’allais en classe, si j’avais un tas de livres, point de corvées à faire, et une famille, fût-elle composée de six tantes, de quatre oncles et de sept cousins. »

On entendit tout à coup un roulement de voiture accompagné de cris d’enfants et de pas de chevaux.

« Qu’est-ce qui arrive ! s’écria Phœbé. On dirait un coup de tonnerre.

— C’est un cirque, répondit Rose, j’aperçois une voi-