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lustre, et, se haussant sur la plante des pieds, il l’embrassa respectueusement aux applaudissements de toute la compagnie. On fut unanime à déclarer que c’était le superbe bonnet de tante Prudence qui avait fait perdre la tête au jeune Chinois ; seul, Charlie savait à quoi s’en tenir, et il riait sous cape, mais il n’eut garde de dévoiler le secret.

Tante Jessie fut embrassée par tout le monde sans exception et indifféremment dans tous les coins du salon ; ses fils et ses neveux se l’arrachaient.

Phœbé, offrant une tasse de thé à tante Myra, se trouva accidentellement sous le gui et fut saisie au passage par Archie, qui s’empressa d’user de ses droits. Elle était prise tellement à l’improviste, qu’elle faillit en laisser tomber son plateau, et que le chef du clan, très honteux de sa conduite, qui contrastait si fort avec son sérieux ordinaire, ne put faire autrement que de lui adresser ses excuses en bonne et due forme.

L’oncle Alec prit un brin de gui et le posa sur le bonnet de tante Patience. Puis, il embrassa la vieille demoiselle, quoiqu’on dît autour de lui qu’il trichait.

Enfin, Charlie poursuivit Rose de toutes les manières ; il lui tendit tous les pièges imaginables sans pouvoir jamais la surprendre. Légère comme un oiseau, elle lui glissait, pour ainsi dire, entre les doigts. Elle se tenait trop sur ses gardes. En vain Charlie mit en train des petits jeux, des proverbes, des homonymes, des mots interrompus, jamais Rose n’était en défaut. Pour arriver à lui faire donner un gage, on eut recours à la ruse,