Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvait interminables les heures qu’elle passait avec sa respectable tante, et il jetait des regards furtifs dans le sanctuaire, où Rose, enveloppée d’un grand tablier blanc, apprenait sous sa direction toutes sortes de mystères culinaires. Bientôt il s’enhardit à y faire de courtes apparitions. On le recevait plus ou moins bien. Quelquefois, quand la maîtresse et l’élève étaient absorbées par la confection difficile d’une crème ou d’un pouding, elles le mettaient carrément à la porte. D’autres fois, lorsqu’elles étaient contentes de leurs œuvres, elles consentaient à le recevoir et lui donnaient, comme à un enfant, une tarte un peu bridée ou un petit morceau de pain d’épice « pour goûter s’il était réussi. » Tante Prudence avait mis la cuisinière à la raison ; aussi comme l’on riait dans cette vaste salle où Debby avait si longtemps grogné à son aise ! Phœbé n’en croyait pas ses oreilles.

À chaque repas on servait des entremets et des plats sucrés, et l’oncle Alec, qui en devinait l’auteur, ne manquait pas de se servir copieusement et de faire force compliments à son petit « cordon bleu, » lequel rougissait comme une rose de mai.

Cependant, le fameux pain demandait plus d’un essai ! Enfin, un beau soir, Phœbé apporta sur un plateau d’argent un objet recouvert d’une serviette, qu’elle posa devant l’oncle Alec. C’était un pain doré, cuit à point, et fort appétissant, ma foi.

« Est-ce l’œuvre de Rose ? » demanda le docteur.

Tante Prudence se frotta les mains d’un air radieux ; elle était, à juste titre, très fière de son élève.