Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ces dames sont dans le vrai, reprit-il ; mais les jeunes filles dont vous parlez avaient chacune un talent, une aptitude à cultiver. Pour quelle chose vous sentez-vous une sorte de vocation spéciale ?

— Voilà ! Je n’en sais rien, et c’est là ce qui m’embarrasse ; mais ce n’est pas un art d’agrément que je cherche à apprendre, c’est quelque chose de très utile, pour le cas où je deviendrais pauvre.

— Alors, si vous n’êtes pas fixée, je vous recommande une science trop négligée de nos jours, mais que je voudrais voir connue à fond de toutes les femmes, quelles qu’elles soient, riches ou pauvres, jeunes ou vieilles.

— Laquelle ? s’écria Rose.

— L’économie domestique. La tenue d’une maison et tout ce qui s’y rapporte.

— Mais c’est bien simple, fit Rose très désappointée, cela ne demande pas d’études, et puis ce n’est pas un art ni une profession.

— Vous vous trompez, ma chérie ; c’est un art utile entre tous, et il faut croire qu’il est encore assez difficile à acquérir, car peu de femmes le possèdent. Il est vrai que c’est moins distingué que l’étude du chant ou du piano, mais cela influe beaucoup plus qu’on ne croit sur le bonheur des ménages. Oui, ma mignonne, vous avez beau ouvrir tout grands vos yeux bleus, cela ne changera en rien ma manière de penser. Je veux que vous soyez une maîtresse de maison accomplie, sans abandonner pour cela vos autres études, naturellement. L’un n’empêche pas l’autre, et, pour vous donner un professeur,