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ROSE ET PHŒBÉ.

parents appelaient l’oncle Alec. Le docteur était alors en Chine, et on avait mis la petite fille en pension jusqu’au retour de son tuteur.

La vie de pension ne pouvait convenir à une enfant aussi délicate. Le chagrin très naturel qu’elle ressentait de la perte de son père, n’étant tempéré ni adouci par aucune affection sage et éclairée de la part de ceux qui l’entouraient, devint en quelque sorte morbide, et sa santé, déjà fortement ébranlée par tant d’épreuves, fut sérieusement menacée. Rose dépérissait à vue d’œil, et ses maîtresses, très inquiètes de la voir aussi maladive et craignant une grave responsabilité, avaient fait appel à sa famille.

En l’absence de son tuteur, c’était à miss Patience et à Prudence Campbell, ses deux grand’tantes, qu’incombait la charge de l’orpheline, et Rose vint habiter au manoir avec elles.

Une semaine entière s’était écoulée depuis lors ; mais, quoique les bonnes tantes eussent fait tous leurs efforts pour l’apprivoiser, elles avaient presque perdu leurs peines. Rose se trouvait l’être le plus malheureux du monde. On lui avait pourtant donné la permission de visiter la maison depuis la cave jusqu’au grenier. Or, c’était une sorte de vieux château rempli de surprises curieuses, de coins et de recoins mystérieux, d’escaliers dérobés et de chambres secrètes. Des fenêtres nombreuses s’ouvraient sur des points de vue merveilleux, tantôt sur la forêt commençant à reverdir, tantôt sur une montagne pittoresquement située, tantôt sur la ville de